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L’art le plus vieux de Belgique en ligne en 3D

23/01/2018
Sur plusieurs os creux découverts à la grotte de Spy, des traits simples côtoient des motifs en croix ou en chevrons dont l'interprétation est hasardeuse. Y a-t-il eu ici la volonté de noter une information ou s'agit-il d'un décor ? (Photo: IRSNB)
Sur plusieurs os creux découverts à la grotte de Spy, des traits simples côtoient des motifs en croix ou en chevrons dont l'interprétation est hasardeuse. Y a-t-il eu ici la volonté de noter une information ou s'agit-il d'un décor ? (Photo: IRSNB)

L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a mis en ligne un « musée virtuel » de l’art mobilier paléolithique belge. Ce site présente une collection de pièces emblématiques et uniques – dalles gravées, parures, objets de chasse décorés… – vieilles de plus de 12 000 ans. 

Les plus vieux objets d’art mobilier belge ont été numérisés en 2014 dans le cadre de l’expo Lascaux, en partenariat avec les Musées royaux d'Art et d'Histoire (MRAH). La plupart sont conservés à l’IRSNB mais certaines pièces proviennent des MRAH, de l’Université de Liège et de collections privées. Une équipe de l’IRSNB a créé, à partir de plusieurs de ces numérisations 3D, un « musée virtuel » quadrilingue permettant au public de découvrir ces objets uniques dont certains sont trop fragiles pour être exposés.

Découvertes il y a 150 ans pour la majorité d’entre elles, la plupart des pièces mises en ligne datent du Magdalénien (toute fin du Paléolithique supérieur, il y a 17 000 à  12 000 ans), mais quelques-unes sont de l’Aurignacien (début du Paléolithique supérieur, il y a 39 000 à 28 000 ans). Ce sont les plus vieux objets d’art retrouvés en Belgique, mais certainement pas les plus anciens du monde : les premières manifestations artistiques remonteraient à 80 000 ans en Afrique du Sud !

Scanner 3D

Aurore Mathys, archéologue et infographiste 3D à l’IRSNB, nous explique le fonctionnement du scanner 3D à lumière structurée. « Il s’agit d’un scanner classique de projection lumineuse : des lignes de lumière sont projetées et se déforment selon les contours de l’objet. La caméra capture les ondulations et le software du scanner calcule alors le volume de l’objet par triangulation à partir de cette déformation des lignes ». Une quarantaine d’objets a pu être numérisée selon cette technique, à raison d’au moins 24 images par objet pour en obtenir une reconstruction 3D. « Le collier de Goyet est la pièce qui m’a demandé le plus de travail en terme de numérisation. Mais je suis plutôt satisfaite du résultat… ». Véritable challenge pour l’équipe par son grand format et sa taille, la dalle du Trou de Chaleux – qui est gravée sur ses deux faces – a nécessité 60 captures d’images à elle seule !

Des objets qui n’ont pas encore tout révélé

« Mon objet préféré est sans doute le bâton du Trou des Nutons », nous dit-elle, « car lorsqu’on le regarde dans un sens, on aperçoit qu’il est décoré d’un bovidé, mais dans l’autre sens, la gravure fait apparaître un mammouth. C’est passionnant ! Quant à savoir si cela a été gravé intentionnellement de cette manière, c’est une autre histoire ». Grâce au travail de notre équipe, des spécialistes vont pouvoir réétudier ces objets à distance et notamment différencier de manière certaine un trait intentionnel d’une « rature ».

Le bâton du Trou des Nutons. Lorsqu’on le regarde dans un sens,
on aperçoit qu’il est décoré d’un bovidé, mais dans l’autre sens,
la gravure fait apparaître un mammouth. (Photo: IRNSB)

Une grande variété d’objets

Le « musée virtuel » offre aux internautes la possibilité de découvrir plusieurs catégories d’objets provenant de neuf sites belges comme le Trou de Chaleux, la Grotte de Spy, les Cavernes de Goyet, etc. Il présente des parures, des objets de chasse décorés, des objets à encoche qui font penser à un système de notation ou encore la seule Vénus paléolithique découverte en Belgique. La particularité de cette plateforme est de proposer, en un simple clic, un visionnage en trois dimensions de tous les objets, ainsi qu’une description, et parfois une interprétation, de chaque pièce.

La fameuse dalle de psammite issue du Trou de Chaleux (province de Namur) (Photo: IRSNB)
La fameuse dalle de psammite issue du Trou de Chaleux (province de Namur) (Photo: IRSNB)
Un collier de dents de loup, provenant des grottes de Goyet. (Photo: IRSNB)
Un collier de dents de loup, provenant des grottes de Goyet. (Photo: IRSNB)
La musique paléolithique existait bel et bien même si ses mélodies sont perdues définitivement aujourd'hui. A Goyet, une petite flûte à un trou, réalisée dans l'os d'un grand oiseau en témoigne. (Photo: IRSNB)
La musique paléolithique existait bel et bien même si ses mélodies sont perdues définitivement aujourd'hui. A Goyet, une petite flûte à un trou, réalisée dans l'os d'un grand oiseau en témoigne. (Photo: IRSNB)
Harpon des grottes de Goyet. Les pointes de sagaie et de harpon, en bois de cervidé pour la plupart, ont fait l'objet d'une réalisation soignée, par souci d’efficacité bien sûr mais aussi par amour du travail bien fait. (Photo: IRNSB)
Harpon des grottes de Goyet. Les pointes de sagaie et de harpon, en bois de cervidé pour la plupart, ont fait l'objet d'une réalisation soignée, par souci d’efficacité bien sûr mais aussi par amour du travail bien fait. (Photo: IRNSB)
La Vénus du Trou de Magrite, la seule Vénus paléolithique découverte en Belgique. (Photo: IRSNB)
La Vénus du Trou de Magrite, la seule Vénus paléolithique découverte en Belgique. (Photo: IRSNB)