Les Néandertaliens étaient cannibales

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Les différentes traces de boucherie. Les deux impacts sur le fémur de gauche proviennent de tentatives pour briser les os et en extraire la moelle. Le fémur de droite porte des traces de découpe et d’utilisation comme retouchoir d'outils en silex. (IRSNB)
06/07/2016
Les Néandertaliens étaient cannibales
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Reinout Verbeke

Les Néandertaliens qui vivaient dans les grottes de Goyet, en Belgique, étaient cannibales. Plusieurs os montrent des traces de découpe. C’est le premier cas de cannibalisme néandertalien dans le nord de l’Europe.

Une équipe internationale de scientifiques, dont Mietje Germonpré et Patrick Semal de notre Institut, ont découvert des traces de cannibalisme sur des os de Néandertaliens provenant des Grottes de Goyet, près de Namur. Les ossements portent des traces – particulièrement visibles sur des images en haute résolution – de dépeçage et de boucherie (coupures, cassures et impacts de percussion), de désarticulation et d’extraction de la moelle. Quatre autres sites, en France et en Espagne, ont déjà livrés des preuves indiscutables de cannibalisme néandertalien mais Goyet en est le premier exemple dans le nord de l’Europe.

Les Néandertaliens de Goyet ont-ils dépecé les restes de leurs semblables lors de rituels ? Ou ces restes constituaient-ils une source ordinaire de nourriture ? Impossible à dire. Mais l’étude des ossements a révélé un autre point important : un fémur et trois tibias ont servi à retoucher les bords d’outils en silex. Les Néandertaliens utilisaient couramment des retouchoirs en os d’animaux mais rarement en os humains : Goyet est l’un des quatre sites où on en a découvert et le seul à en avoir livré plusieurs.

Le plus important site néandertalien du nord de l’Europe

L’équipe pluridisciplinaire a réexaminé des milliers de fragments osseux, animaux et humains, mis au jour par le géologue belge Édouard Dupont dans les années 1860 dans la Troisième caverne de Goyet. Les différentes analyses ont permis d’identifier 99 nouveaux restes Néandertaliens, appartenant à au moins cinq individus, faisant de Goyet la collection de restes néandertaliens la plus importante du nord de l’Europe.

Comme le révèle la datation au carbone 14, les Néandertaliens de Goyet ont vécu il y a 40 500 à 45 500 ans, c’est-à-dire juste avant l’arrivée de l’Homme moderne en Europe et la disparition d’Homo neanderthalensis. Leur découverte montre une variété des pratiques mortuaires chez les Néandertaliens récents du nord de l’Europe : à Goyet, ils mangeaient probablement leurs morts, alors que dans les autres sites – à Spy notamment –, ils les enterraient.

Les Néandertaliens récents du nord de l’Europe présentaient une importante diversité de comportements – au niveau des pratiques mortuaires mais aussi des outils en pierre – mais une faible diversité génétique. Autrement dit, les différents petits groupes avaient peu de contact entre eux et n’avaient plus d’échanges culturels peu avant leur disparition.

L’étude est parue dans la revue Scientific Reports. Les restes humains de Goyet utilisés pour cette étude sont conservés à notre Institut et dans les Musées royaux d’Art et d’Histoire. La Troisième caverne de Goyet a également livré des ossements identifiés récemment par la même équipe comme les premiers restes humains modernes de Belgique datant du Paléolithique supérieur. Leurs analyses génétiques ont apporté de nouvelles données à la connaissance des premières populations modernes d’Europe.

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