Au Moyen Âge, la région de Gand a connu une déforestation rapide, dont témoignent des recherches archéologiques sur les déchets de l’époque. En effet, un chercheur de notre institut a pu déduire, à partir des restes de bois et de charbon de bois laissés par les Gantois, que ceux-ci avaient abattu presque tous les arbres afin de les utiliser comme matériel de construction ou comme combustible.
L’urbanisation de Gand au Moyen Âge a causé une déforestation phénoménale des alentours. C’est ce que prouve une étude de l’archéobotaniste Koen Deforce (de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique), qui a examiné une couche de déchets médiévaux – des fragments de bois et de charbon de bois – sous la place Émile Braun à Gand. Il a inventoriéles espèces d’arbres auxquelles ces déchets appartenaient. Autour de 950, les Gantois utilisaient du bois de la meilleure qualité, comme le chêne. Vers 1050, ils devaient se contenter d’une qualité inférieure et après 1100, ils importaient du bois de l’étranger.
Du 10e au 12e siècle, Gand s’est développé d’un petit comptoir commercial à une métropole de 65 000 habitants. À la fin du 12e siècle, Gand était, après Paris, la plus grande ville au nord des Alpes. Cette croissance nécessitait du bois : les Gantois de l’époque l’utilisaient pour se chauffer, cuisiner et construire.
D’abord, du chêne
Deforce a répertorié les espèces de bois les plus fréquentes dans cette couche de 110 cm d’épaisseur. Il l’a subdivisée en tranches de 10 cm d’épaisseur : toutes ont livré au moins 10 fragments de bois et 200 fragments de charbon de bois.
Au 10e siècle, les Gantois construisaient leurs bâtiments avec le meilleur bois : le chêne, espèce locale d’excellente durabilité. Ils utilisaient aussi des espèces de grande qualité comme bois de combustion : chêne, hêtre, charme et bouleau.
Les meilleures espèces ayant été abattues, les habitants de la ville ont dû ensuite passer à du bois de moins bonne qualité. Au 11e siècle, ils utilisaient principalement du bois de frêne, jusqu’à ce que ne restent que les espèces « médiocres » comme l’aulne qui, à partir de la première moitié du 12e, était l’espèce la plus utilisée comme bois de construction et combustible. À la fin du 12e siècle, les Gantois ont commencé à importer leur bois de construction de l’étranger et à utiliser de plus en plus, en guise de combustible, la tourbe extraite dans la plaine maritime et à l’embouchure de l’Escaut.
Deforce précise : « Les Gantois n’étaient pas les seuls bûcherons acharnés entre 950 et 1200. Les habitants de villes comme Anvers, Bruges, Courtrai et Ypres – qui ont, elles aussi, connu une explosion démographique – ont également contribué à la déforestation d’une grande partie de la Flandre. »
Cette étude est publiée dans la revue spécialisée Quaternary International.