Un mille-pattes, une araignée et un coléoptère jamais observés en Belgique : c’est ce qu’ont découvert des biologistes et des bénévoles dans des parcelles de lande récemment restaurées dans la région de Bruges. Pour Wouter Dekoninck, entomologiste à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), « la restauration d’une lande séculaire est un bienfait pour les insectes ».
Vers 1775, le nord de la Flandre occidentale comptait environ 9 000 ha de landes, bien plus du double de la Lande de Kalmthout aujourd’hui. En 2002, un inventaire n’en recensait plus que 38 ha entre Jabbeke et Aalter. Mais désormais, la lande autour de Bruges est en cours de restauration. La bruyère cendrée, la bruyère des marais et la callune sont à nouveau en expansion, au profit des insectes et autres arthropodes typiques de cet habitat. C’est ce qu’ont pu constater des biologistes de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.
Des pièges à insectes
Nos collègues ont placé des pièges à insectes à une vingtaine d’endroits dans la lande brugeoise. Avec des bénévoles, ils les ont vidés toutes les deux semaines pendant trois ans. Ils ont ainsi découvert trois espèces encore jamais observées dans notre pays : le mille-pattes Geophilus easoni, l’araignée Ozyptila westringi et le carabe Bembidion latinum. Les biologistes y ont également trouvé des espèces rares en Belgique, comme l’araignée Pirata uliginosus, le carabe Dyschirius politus, la puce des neiges (Boreus hyemalis) et l’abeille sauvage Lasioglossum majus.
Wouter Dekoninck, l’entomologiste en charge de ce projet, explique : « Le rétablissement de l’ancienne lande est un bienfait pour les insectes. On y retrouve plus d’espèces prospérant sur la lande et les herbages secs. » Beaucoup d’espèces recensées dans les bruyères brugeoises sont reprises sur la liste rouge flamande des espèces menacées. Restaurer la lande, c’est donc protéger des espèces vulnérables. W. Dekoninck continue : « Nous devrions non seulement élargir la lande, mais également l’entretenir continuellement, en enlevant des couches ou en y faisant brouter des moutons. Nous éviterions ainsi que la lande ne se reboise ou soit envahie par des herbes. »
La bruyère cendrée
C’est surtout la bruyère cendrée qui est rare en Belgique. Avec sa typique floraison pourpre, elle ne se rencontre plus qu’aux environs de Bruges – dans une vingtaine de zones – et en Campine limbourgeoise. La « Rode Dopheidereservaat » la réserve de la bruyère cendrée située à Sint-Andries, à l’ouest de Bruges – constitue un refuge important pour cette espèce menacée.