Nos paléontologues ont découvert en Belgique les plus vieux fossiles connus à ce jour de chauves-souris du genre Myotis. Ils prouvent que les chauves-souris de ce genre très commun virevoltaient déjà dans les airs 7 millions d’années plus tôt qu’on ne le pensait.
Les chauves-souris représentent un cinquième de toutes les espèces actuelles de mammifères. La famille des vespertilionidés en est la plus diversifiée et, au sein de cette famille, le genre le plus représenté est celui des Myotis (communément appelés murins ou vespertilions). Il comprend plus de 120 espèces actuelles réparties sur tous les continents, Antarctique excepté. En termes de répartition géographique de mammifères, seul l’Homme dépasse ces chauves-souris.
La plus vieille à Boutersem
On sait peu de choses sur l’origine des Myotis, ou plus généralement des murins. Les fossiles de Myotis sont nombreux, surtout en Europe, mais les spécimens datant d’avant le Miocène (il y a 23 à 5 millions d’années) sont assez rares. Cependant, en 1999, le paléontologue belge Richard Smith, collaborateur scientifique à l’Institut, a découvert des restes d’une espèce de grande taille remontant à l’Oligocène (il y a 33 à 23 millions d’années) à Boutersem, dans le Brabant flamand.
D’après les analyses récentes faites par notre collègue Thierry Smith, son père – Richard – et Gregg Gunnell (Duke University, USA), les spécimens appartiennent au genre Myotis et sont vieux de 33,5 millions d’années. Myotis belgicus est donc la plus ancienne espèce connue de ce genre, genre qui se retrouve dès lors plus vieux de 7 millions d’années qu’estimé jusqu’alors.
Une grande facilité d’adaptation
En examinant les données d’apparition des premiers fossiles de 1011 genres actuels de mammifères placentaires, il est apparu aux trois chercheurs que seuls 13 remontaient à plus de 33 millions d’années (entre le Paléogène moyen et le Paléogène supérieur, c.-à-d.de 48 à 33 millions d’années), parmi lesquels 6 genres appartenaient à des chauves-souris, dont Myotis. D’après ces données, les chauves-souris semblent donc être apparues plus tôt que la plupart des autres mammifères. En outre, la capacité d’adaptation des premières chauves-souris leur a permis une diversification évolutive rapide il ya 52 à 50 millions d’années, au début d’une période de réchauffement climatique intense (connue sous le nom d’optimum climatique de l’Éocène inférieur).
L’étude est parue dans la revue scientifique PLOS ONE.