Une épidémie Ebola a éclaté en mai dans le nord du Congo. Elle a heureusement été rapidement endiguée. À la demande des autorités congolaises, une équipe internationale, composée notamment de scientifiques de l’Université d’Anvers et de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, se rend dans la province reculée de Bas-Uélé pour découvrir l’origine de la contamination.
En 2014-2015, la grande épidémie Ebola qui a touché la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone a causé la mort de plus de 11 000 personnes. Quand, en mai 2017, de nouveaux cas ont été découverts dans un village très reculé du nord du Congo, la sonnette d’alarme a été tirée sans tarder. Grâce à une intervention rapide des services sanitaires et la localisation éloignée du site, les conséquences sont restées très limitées : il n’est question que de quelques dizaines de cas suspects.
Une propagation plus large du virus semble avoir été empêchée mais la découverte de ces nouveaux cas signifie que les autorités doivent rester vigilantes. L’Institut National de recherche Biomédicale congolais a rassemblé une équipe internationale chargée de mener une étude écologique sur la source de contamination.
Des chauves-souris suspectées
L’institut congolais a notamment pris contact avec Herwig Leirs et Sophie Gryseels, de l’Université d’Anvers, et notre collègue Erik Verheyen. Le mercredi 28 juin, les trois biologistes s’envolent pour une mission de trois semaines en République démocratique du Congo. Erik Verheyen collabore avec l’Université de Kisangani depuis de nombreuses années déjà. Il connaît bien la région et sa faune. Pendant l’épidémie de 2014, Sophie Gryseels a passé un mois en Guinée à analyser, dans un laboratoire mobile, des échantillons de sang et d’urine de patients. L’Université d’Anvers et l’IRSNB ont libéré des moyens pour effectuer cette étude.
Comme l’explique Herwig Leirs, « ce qui est particulier à cette épidémie, c’est que la contamination du premier patient est bien documentée. Il s’agit d’un pêcheur qui a trouvé un sanglier mort dans la forêt et en a rapporté de la viande pour la manger. Le lieu où ça s’est passé est connu. Nous ne savons pas encore quelle espèce animale a contaminé la viande mais nous suspectons des chauves-souris. »
Respecter la biosécurité
Les trois chercheurs vont, avec une équipe du Centre de surveillance de la biodiversité de Kisangani, se concentrer sur la collecte d’échantillons de tissus de mammifères, avec une attention particulière pour les chauves-souris, les rongeurs, les musaraignes, ainsi que la viande de brousse (les animaux sauvages que la population locale chasse pour la consommation et le commerce). Eric Verheyen précise : « Nous allons prendre des échantillons de sang et de différents organes de tous ces animaux. Durant la mission, nous nous attacherons tout spécialement aux aspects de biosécurité. Il va sans dire que nous ne voulons courir aucun risque en matière de contamination. »
(Texte: Peter De Meyer, Université d'Anvers)