Les Néandertaliens et les Hommes modernes voisins pendant des milliers d'années

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Fossiles humains trouvés à Spy (en Belgique) en 1886. (Photo: P. Semal, IRNSB)
20/08/2014
Les Néandertaliens et les Hommes modernes voisins pendant des milliers d'années
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Reinout Verbeke

Les Néandertaliens et les Hommes anatomiquement modernes ont été contemporains entre 2600 et 5400 ans. Ce sont les résultats  d’une étude menée sur quarante sites archéologiques  par une équipe scientifique internationale en utilisant une nouvelle méthode de datation au radiocarbone. L'étude publiée dans Nature suggère que les deux populations ont eu suffisamment de temps pour des échanges génétiques et culturels. L’étude révèle également que les fossiles belges de Spy sont les restes néandertaliens les plus récents datés.

Les Néandertaliens ont occupé, pendant plus de 50.000 ans, l’Europe et une partie de l’Asie jusqu’à leur disparition et leur remplacement par les Hommes anatomiquement modernes. Les analyses récentes du génome complet de l'Homme de Néandertal et de l'Homme anatomiquement moderne (nous) montrent que les deux populations se sont hybridées en dehors de l'Afrique. L'ADN de l'Homme moderne (à l'exception des Africains) contient ainsi jusqu'à 2 pour cent d’ADN néandertalien, et peut-être même plus.

Aucune preuve archéologique directe ne montre que les deux populations ont vécu ensemble en Europe. Mais cette nouvelle étude, menée par l’Université d’Oxford, à laquelle l’Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a participé, montre que les deux populations ont bel et bien cohabité sur notre continent entre 2.600 et 5.400 ans.

Les derniers Néandertaliens

Le moment exact de la disparition des Néandertaliens n'était toujours pas clairement connu. Les datations au radiocarbone réalisées ont souvent fourni des âges plus jeunes qu'ils ne l'étaient en réalité. L’utilisation de nouvelles techniques de datation au radiocarbone sur les restes de quarante sites archéologiques a permis de mieux définir le cadre chronologique de cette disparition. Sur tous les sites, tant en Europe de l'Ouest, de l'Est qu’au Moyen-Orient, le Moustérien – considéré comme l'âge de Néandertal – se termine il y a environ 40.000 ans. C’est 10.000 ans plus tôt que ce que l’on pensait auparavant. Les Néandertaliens «belges» de Spy sont les plus jeunes fossiles néandertaliens datés dans l’étude et ont entre 42.500 et 40.000 ans.

Une disparition morcelée

Dès 45.000 ans, de toutes nouvelles «industries» associées aux Hommes anatomiquement modernes apparaissent en Europe mais pas partout en même temps. Par exemple à Funame, en Italie, les Néandertaliens se sont maintenus jusqu’il y a 44.000 ans tandis que les populations néandertaliennes de l’Albreda, en Catalogne ont persisté jusqu’il y a à peu près 41.000 ans. Homo sapiens n'a donc pas remplacé les Néandertaliens d'un seul coup. Pendant plusieurs millénaires, l’Europe est une mosaïque de Néandertaliens et de sapiens. Assez de temps pour permettre des échanges biologiques et culturels. Les chercheurs indiquent que ceci est peut-être la raison des progrès dans les outils et la pensée symbolique observés chez les derniers Néandertaliens.

Un nouveau cadre temporel

Les anciennes dates suggéraient une disparition des Néandertaliens il y a 30.000 ans. Mais de nouveaux résultats démontrent que cette disparition se serait plutôt déroulée il y a 40.000 ans. Parallèlement à cela, Patrick Semal, anthropologue et chef du Service Scientifique du Patrimoine de l’IRSNB, explique que « la datation des premiers hommes anatomiquement modernes en Europe et  de leur culture suggère une arrivée en Europe également plus ancienne et un recouvrement chronologique de plusieurs milliers d’années à l’échelle du continent ».

La disparition des Néandertaliens est donc un processus se jouant sur plusieurs millénaires. P.Semal : « Dans le contexte européen, les scénarios proposés – remplacement ou assimilation – ont probablement (co)-existé à des degrés divers selon la région et la période ».

Aucune trace de mariage belge

Cette nouvelle étude montre également que ce ne serait pas les fossiles du Sud de l’Espagne qui seraient les restes néandertaliens les plus récents  mais bien les fossiles venant de la grotte de Spy. Ceux-ci sont donc très importants pour les scientifiques car ils permettront peut-être de comprendre la disparition des Néandertaliens en faveur de l’Homme anatomiquement moderne. « Il n’y a, à ce jour, aucune évidence de contact entre les deux populations dans nos régions. Les traces les plus anciennes de l'Homme anatomiquement moderne en Belgique sont plus récentes de quelques milliers d’années que celles des derniers Néandertaliens. Seules de nouvelles fouilles, études et analyses permettront d’affiner notre compréhension du remplacement à l’échelle du continent mais aussi au niveau régional », rajoute P.Semal.

 

Au printemps 2015 ouvre «La Galerie de l'Homme, notre évolution et notre corps», la nouvelle exposition permanente du Muséum des Sciences naturelles, l'évolution de l'humanité et les phases de développement du corps humain.

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