"The land of Sumer and Akkad" est intégré dans un projet P5/14 des pôles d’attraction interuniversitaires (phase V) du Bureau de la Politique Scientifique Fédérale. L'objectif est d'étudier l'interaction entre le paléoenvironnement d'une part, et le développement économique, social et politique d'autre part, en Mésopotamie pendant les 6 000 dernières années. Le paysage actuel est le résultat d'une évolution complexe due aux changements du cours des fleuves et de la localisation du rivage du golfe Persique. Les hommes ont joué un rôle dans cette évolution comme le montre le réseau dense et ingénieux des systèmes d’irrigation. Pour détecter les différentes étapes du développement du paysage, toutes les sources possibles doivent être employées. Par conséquent, cette recherche exige une collaboration étroite entre les disciplines suivantes : géologie du Quaternaire, télédétection, philologie et histoire.
L'équipe de l'IRSNB – Service Géologique de Belgique étudie l'évolution de l'environnement sur les derniers 10 000 ans. La recherche est effectuée dans la partie méridionale de la province de Khuzestan, dans le sud-ouest de l’Iran. Le secteur d'étude est extrêmement vaste et plat. Il est bordé par les montagnes du Zagros dans le nord et au nord-est, et par le golfe Persique dans le sud. Ce secteur forme la prolongation orientale de la plaine Mésopotamienne. Les trois fleuves principaux, le Karun, le Jarrahi et la Karkheh, ont contribué au développement géologique de la plaine.
Méthode de recherche
Jusqu'ici les données géologiques au sujet du Quaternaire dans la plaine étaient pratiquement inexistantes. Les reconstructions du littoral du golfe Persique et de la localisation des fleuves dans la littérature, sont basées sur des sources historiques et sur des observations de surface. Par conséquent, elles contiennent beaucoup de spéculation.
Deux campagnes de terrain ont été entreprises pour étudier la géologie sur les derniers 10 000 ans. Plus de 50 forages manuels non destructifs ont été effectués (par 3 femmes !) et quelques affleurements peu profonds ont été examinés et échantillonnés. Des sites archéologiques et des systèmes d'irrigation ont été localisés lors des campagnes de terrain. Un contrôle de terrain a été réalisé sur l’utilisation des sols et les caractéristiques des sédiments de surface dans le but d’améliorer le traitement d’images en télédétection. Le GPS s'est avéré être un instrument très utile pour localiser toutes les observations et forages car l’absence de variations topographiques dans le paysage n'offre que très peu de points de repère.
Les échantillons rassemblés ont fait l’objet d’analyses sur des microfossiles, le matériel organique et les coquilles ont été datés au radiocarbone. L'interprétation de l’accumulation des sédiments des forages ainsi que les résultats de la télédétection ont permis la reconstruction du paysage tout au long du temps.
Principaux résultats
De nombreuses images satellites ont été traitées formant maintenant des cartes homogènes de base. Ces cartes étaient des instruments importants durant les travaux de terrain et sont aussi employées comme base pour les nombreuses figures et cartes, comme par exemple la délinéation des unités géomorphologiques, les anciens cours des fleuves, la reconstruction paléogéographique pour 5 périodes de temps, la localisation des sites archéologiques et d'anciens systèmes d'irrigation. Sur la base des images satellites récentes, des photographies aériennes anciennes et d'un modèle 3D, la télédétection a permis de détecter l'interaction entre les différents fleuves dans le temps récent et la relation entre les fleuves, les sites archéologiques et les systèmes d'irrigation.
Des dépôts côtiers sont distingués pour la toute première fois dans cette région. Un environnement d’estran vaseux (avec vases, prés salés et sebkhas) s'est développé depuis 9 000 ans. Au cours du temps, l'environnement de marée s'est étendu depuis la paléo-vallée du Shatt el-Arab jusqu'au nord à environ 200 kilomètres du littoral actuel du golfe Persique. Actuellement, les rares datations disponibles ne permettent pas de produire une courbe de l'élévation relative du niveau de la mer. Cependant, les données prouvent qu'une position plus élevée du niveau de la mer que celle actuelle n’a jamais eu lieu. Ceci est en contradiction avec la représentation généralement admise dans la littérature.
Toutes les données de géologie, de géomorphologie, de topographie et d'archéologie ont été intégrées dans un SIG. Cette base de données permet de croiser toutes les thématiques et de détecter les interdépendances entre les différents domaines.