Des termites... en Belgique !
Des biologistes ont confirmé pour la première fois la présence des termites en Belgique. Il s’agit de trois espèces différentes de ces petits insectes tropicaux qui aiment tant (manger) le bois... au détriment des structures faites de ce matériau. Une des trois espèces s’adapte bien aux climats plus frais et risque donc de se propager.
Les termites sont de petits insectes au corps mou que souvent on ne remarque que quand ils ont causé de gros dégâts. Connus pour être capables de digérer le bois, ils jouent un rôle crucial dans la désintégration des arbres morts dans les écosystèmes naturels. Mais lorsqu’ils envahissent les espaces humains, leurs habitudes xylophages peuvent occasionner de lourds dommages structurels.
La plupart des termites vivent en colonies, constituées d’ouvriers, de soldats et d’une reine, à l’instar des fourmis. Ces colonies peuvent être imposantes et compter plusieurs millions d’individus, construisant des réseaux de tunnels et de nids intriqués, cachés par exemple à l’intérieur des murs, sous les parquets ou sous terre.
En Europe, on trouve avant tout des termites dans les régions méridionales où le climat est chaud, avec les plus fortes incidences rapportées en Espagne, au Portugal, en Italie et dans le Sud de la France.
La menace posée par les termites
Les termites peuvent causer des dommages considérables aux bâtiments, aux meubles et aux structures de bois en rongeant le bois de l’intérieur, conduisant à un affaiblissement des fondations et des défaillances structurelles et posant de sérieux risques de sécurité. Les termites s’étendent sur de nouveaux territoires, et le risque d’infestation s’accroît.
Alors qu’ils jouent un rôle important dans la nature, leur présence dans les habitations et les bâtiments est loin d’être bénéfique. Il est essentiel de comprendre leur habitat, leur distribution et les dommages qu’ils peuvent causer pour protéger nos biens de ces petits insectes pourtant si remarquables.
En Belgique
En 2020, une famille de la commune d’Uccle (en région de Bruxelles-Capitale) remarquait la présence d’insectes inhabituels dans leur maison. Suite à une identification réalisée par BopCo (Barcoding Facility for Organisms and Tissues of Policy Concern), il s’est avéré qu’il s’agissait de termites, de l’espèce Cryptotermes brevis. En 2021, ailleurs à Bruxelles, une autre famille a découvert des termites de l’espèce Reticulitermes banyulensis. Les deux infestations provenaient de bois contaminé (meubles, matériaux de construction, souvenirs) importé des régions tropicales.
Heureusement, ces espèces ne prolifèrent que dans les climats chauds : il y a donc peu de risque qu’elles construisent des nids à l’extérieur en Belgique, et ainsi qu’elles se propagent – du moins pour le moment. Cryptotermes brevis est une espèce nuisible notoire en Espagne et au Portugal, y compris aux Açores. On ne trouve Reticulitermes banyulensis qu’en Espagne et dans le Sud de la France, et elle n’est pas connue en tant qu’espèce invasive. De ce fait, il est donc peu probable qu’elles prolifèrent dans nos milieux naturels.
Cependant, une autre infestation, initialement localisée dans une serre, a été découverte en 2021 à Brugelette (Hainaut). Cette fois, il s’agit de Termite de Saintonge, ou Termite à pattes jaunes (Reticulitermes flavipes). Depuis, le nids se serait étendu au jardin voisin. A l’inverse des deux autres espèces susmentionnées, Reticulitermes flavipes est bien adaptée aux climats plus frais. L’espèce est depuis longtemps établie en France et a été rapportée récemment aux Pays-Bas. Cela indique qu’elle a la capacité de prospérer à l’extérieur en Belgique, ce qui augmente le risque de propagation.
Contenir le risque
Au vu des dommages potentiels que ces termites peuvent causer, il est crucial de surveiller attentivement ces populations et de les contrôler rigoureusement. Prise de mesures préventives et détection rapide, telles sont les clés afin de diminuer l’impact des termites invasifs sur les structures de bois en Belgique.
L'Étude a été publiée dans BioInvasive Records.
À propos de l’équipe de recherche
L’identification des espèces peut constituer un véritable défi, et exige souvent une expertise spécifique. Parfois les spécimens sont trop endommagés. Il peut par exemple s’agir de premiers stades de vie (comme des larves ou des œufs). Un spécimen appartient parfois à un groupe d'espèces dépourvues de caractéristiques morphologiques distinctives. Dans tous ces cas, il est possible de contacter le service d’identification BopCo. Celui-ci, regroupant des biologistes de l’Institut des Sciences naturelles et du Musée royal de l’Afrique centrale, est spécialisé dans l’identification d’espèces d’intérêt public basée sur l’étude de l’ADN.
L’équipe a, en collaboration avec les entomologistes Wouter Dekonink (Institut des Sciences naturelles) et Yves Roisin (Université Libre de Bruxelles), identifié ces espèces de termites tant sur base de l’étude de leur morphologie que de leur ADN.