Un escargot géant fossile révèle à quoi pourraient ressembler les étés européens dans un lointain futur
Il y a 45 millions d’années, l’Europe occidentale connaissait, sous l’influence de fortes concentrations de CO₂, un climat chaud et humide avec des conditions semblables à celles de la mousson. C’est ce que révèle une nouvelle étude belgo-néerlandaise menée par la KU Leuven. Ces nouvelles connaissances sont importantes pour mieux comprendre les changements climatiques actuels et futurs.
La région de Champagne est une destination touristique prisée par de nombreux Belges. Mais il y a 45 millions d’années, les paysages vallonnés et les plaisirs gastronomiques d’aujourd’hui n’existaient pas encore. À l’époque de l’Éocène, une grande partie du nord de la France actuelle était submergée, avec un climat comparable à celui des Bahamas.
Une équipe de recherche belgo-néerlandaise, dirigée par la KU Leuven, apporte aujourd’hui plus de clarté sur le climat en Europe occidentale il y a 45 millions d’années. Les chercheurs ont analysé la coquille fossile de Campanile giganteum, trouvée en Champagne. Campanile giganteum est un escargot marin géant aujourd’hui disparu, qui grandissait exceptionnellement vite et a ainsi laissé dans sa coquille une archive climatique très précise. Les mesures du carbonate de calcium montrent qu’à cette époque, l’Europe occidentale connaissait des conditions semblables à celles de la mousson : des hivers doux, des printemps chauds et secs, et des étés chauds et surtout très humides avec de fortes pluies.
« Comme cet escargot marin fossile grandissait très rapidement, nous pouvons extraire énormément d’informations de sa coquille. Grâce aux lignes de croissance, nous obtenons une image détaillée du climat et des régimes météorologiques d’il y a des millions d’années », explique Nick Van Horebeek, premier auteur de l’étude, qui a analysé la coquille dans le cadre de son mémoire de master à la KU Leuven. « En combinant notre propre analyse avec des modèles climatiques, nous avons constaté que les différences saisonnières marquées s’expliquaient par des changements dans les régimes de vents et de courants océaniques. »
L’Éocène montre comment le système climatique réagit à des concentrations de CO₂ très élevées.
Johan Vellekoop (KU Leuven, Institut des Sciences naturelles)
Scénario du pire
L’Éocène est une époque, de 56 à 33,9 millions d’années, caractérisée par un climat chaud et humide, avec des concentrations de CO₂ très élevées. Une meilleure connaissance du climat de cette époque peut donc être précieuse pour mieux anticiper les effets du changement climatique actuel et futur. « L’Éocène fonctionne comme une expérience naturelle qui nous montre comment le système climatique réagit à des concentrations très élevées de CO₂ », explique Johan Vellekoop, chef de l’équipe de recherche, professeur de géologie à la KU Leuven et affilié à l’Institut des Sciences naturelles.
« Si nous ne freinons pas le changement climatique et la hausse des émissions de gaz à effet de serre, l’Europe occidentale pourrait, dans quelques centaines d’années, se retrouver dans un scénario similaire à celui de l’Éocène. Mais si nous tirons les bonnes leçons du passé, cela peut être évité. »
L'Étude a été publiée dans la revue scientifique Nature Communications.
[L'article est basé sur le communiqué de presse de KU Leuven]