Plus d'un milliard de spécimens dans les collections des musées des sciences naturelles

24/03/2023
Papillons des collections de l'Institut des Sciences naturelles (Photo : Danny Gys)

Des chercheurs ont estimé, pour la première fois, le nombre de spécimens conservés dans les collections de 73 des plus grands musées de sciences naturelles à travers de 28 pays, dont l’IRSNB ; révélant une collection totale de plus d'un milliard d’objets.

 

Ceux-ci sont d’une grande importance pour l’étude de la perte de biodiversité, du changement climatique et des maladies zoonotiques. Néanmoins, cet inventaire souligne des lacunes : la diversité des espèces venant des régions tropicales et polaires, dans les systèmes marins et chez les arthropodes (y compris les insectes) semble moins bien documentée.
 

Les musées agissent traditionnellement de manière indépendante. La base de données, qui fut détaillée dans le journal Science, est une première étape en vue d’une collection de niveau mondial. Les scientifiques pourront utiliser les collections de plusieurs musées du monde pour mener des études sur des questions urgentes telles que le changement climatique, l'insécurité alimentaire, les pandémies et la perte de biodiversité.

 

« Les collections d’histoire naturelle contiennent les preuves à partir desquelles les scientifiques puisent des connaissances, notamment celles qui peuvent être appliquées à des situations critiques auxquelles notre planète est confrontée aujourd'hui. Cela n'a jamais été aussi urgent, alors que la perte de biodiversité et le changement climatique s'accélèrent dans le monde entier. »

Certains domaines sous-représentés dans les collections

Afin de développer ce répertoire, les scientifiques – sous la guidance de l'AMNH, le Smithsonian National Museum of Natural History et le Natural History Museum de Londres - ont créé un vocabulaire commun de 19 types de collections biologiques, géologiques, paléontologiques et anthropologiques, ainsi que 16 régions terrestres et marines qui couvrent l'ensemble de la Terre.
 

 

« Nous souhaitions trouver un moyen rapide d'estimer la taille et la composition de la collection mondiale afin de pouvoir commencer à élaborer une stratégie collective pour l'avenir »

- Kirk Johnson, auteur principal et directeur du Smithsonian National Museum of Natural History. -

 

Malgré l’étendue de la collection - composée de plus d'un milliard de spécimens - l'enquête a démontré qu'il existe encore des lacunes dans des domaines tels que les régions tropicales et polaires, les systèmes marins ainsi que la diversité arthrologique et microbienne qui restent à être découvertes. Ces lacunes pourraient servir de feuille de route pour coordonner les efforts de collecte à l'avenir.
 

Ce rapport constitue la première étape vers la cartographie d’une collection mondiale dont l’entièreté du potentiel pourrait être exploitée. Les collections d'histoire naturelle sont particulièrement bien placées pour apporter des réponses aux crises interdépendantes rencontrées aujourd'hui, mais le manque de financement et de coordination rend les informations contenues dans les collections des musées majoritairement inaccessibles. Grâce à une coordination stratégique, cette collection mondiale pourrait contribuer à orienter les décisions qui façonnent l'avenir de l'humanité et de la biodiversité, selon les chercheurs.

Vers un partage de connaissances à l'international

Dans leur article, les auteurs reconnaissent également que la concentration historique des grands musées, situés principalement en Amérique du Nord et en Europe, peut constituer un obstacle au partage des connaissances et perpétuer des déséquilibres de pouvoirs enracinés dans l'histoire coloniale de la science muséale. Ils notent, qu'à l'avenir, la collection mondiale devra également refléter et soutenir les musées situés ailleurs dans le monde.
 

Les auteurs écrivent, « la sécurité et la valeur à long terme des collections d'histoire naturelle dépendent du développement de partenariats mondiaux et locaux qui démontrent non seulement leur pertinence pour des défis scientifiques, sociétaux et de conservation spécifique, mais aussi pour les avantages qui s'appliquent à chaque personne sur la planète. »

 

[Article basé sur un communiqué de presse de l'American Museum of Natural History (AMNH). Notre institut, qui dispose d’une collection de sciences naturelles de 38 millions de spécimens, a participé à l'inventaire.]

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