Découverte d’une tombe égyptienne contenant des crocodiles momifiés

18/01/2023
Dix momies de crocodiles dans une tombe encore intacte à Qubbat al-Hawā, découverte en 2019. (Photo : Patricia Mora Riudavets)

Des archéologues espagnols ont réalisé une découverte inhabituelle au sud de l’Egypte : une tombe encore intacte contenant des crocodiles momifiés. Des archéologues de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ont pu étudier les momies. « Une découverte extraordinaire » commente Bea De Cupere (IRSNB). Les Egyptiens antiques sacrifiaient des crocodiles durant des rituels envers leur Dieu Sobek.

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En 2019, des archéologues de l’Université de Jaén ont découvert une tombe contenant des crocodiles momifiés à Qubbat al-Hawā, un site près de la ville d’Aswan au Sud de l’Egypte. Cette petite tombe gravée dans la pierre contenait cinq squelettes et cinq crânes de grands crocodiles. Elle se situe près de six autres tombes dans lesquelles étaient enterrés des dignitaires de la région. Elles datent toutes de l’ère pré-ptolémaïque, avant 304 AC.
 

Les crocodiles ont probablement été utilisés lors de rituels dédiés au dieu égyptien Sobek, leur dieu de l’eau et de la fertilité, souvent représenté avec une tête de crocodile. Kom Ombo, à 50 kilomètres de là, était un important site de culte du crocodile.

L'archéozoologue Bea De Cupere (IRSNB) sur le site. (Photos : Patricia Mora Riudavets)

Trouver 10 crocodiles momifiés et bien conservés dans une tombe intacte est extraordinaire

- Bea De Cupere, archéozoologue à l'IRSNB -

« Plus de 20 cimetières avec des momies de crocodiles sont connus en Egypte, mais le fait de trouver 10 crocodiles momifiés et bien conservés dans une tombe intacte est extraordinaire », dit l’archéozoologue Bea De Cupere. « Pour la plupart des momies collectionnées par des musées durant la fin du 19ème et le début du 20ème siècle, souvent des juvéniles, l’origine exacte est parfois inconnue. »

 

Les archéologues à Qubbat al-Hawā ont trouvé des traces de lin, des feuilles de palmier et de la corde associés à certains des crocodiles, indiquant qu’ils ont jadis été enveloppés. Les bandages en lin ont néanmoins du pourrir et les crocodiles n’étaient pas couverts d’importantes quantités de brai ou de bitume, comme c’était le cas dans les périodes plus récentes. Une heureuse coïncidence, puisque cela a permis aux chercheurs de mesurer et d’étudier ces spécimens en profondeur.

Momification naturelle

Le plus petit crocodile mesure 1m8 de long et le plus grand 3m5. Ils appartiennent à deux espèces distinctes : le crocodile du Nil et le crocodile d’Afrique de l’Ouest. Il faut souligner que trois des squelettes étaient presque complets alors que certaines parties étaient manquantes sur les deux autres. « Les crocodiles ont été enterrés ailleurs dans un premier temps, possiblement dans des puits de sable », explique Bea De Cupere. « Ceci leur a permis de sécher entièrement. Ensuite, les restes ont été exhumés, enveloppés et déplacés vers la tombe à Qubbat al-Hawā. Des parties de leur corps ont du se perdre lors de l’enveloppage et le transport. »

Comment les Egyptiens attrapaient-ils ces crocodiles? Nous savons des iconographies que les crocodiles étaient surtout capturés à l’aide de filets. Aucune trace d’abattage n’a été trouvée sur les crocodiles de Qubbat al-Hawā. Les crocodiles ont probablement été noyés, suffoqués ou surchauffés par exposition prolongée au soleil.

Sur ce museau de crocodile, même la couleur des écailles est préservée. (Photo : Bea De Cupere, IRSNB)
La momie de crocodile la plus complète et la mieux conservée de Qubbat al-Hawā, avec la peau et les plaques osseuses encore présentes. (Photo : Patricia Mora Riudavets)

Des pierres dans le ventre

Un des crocodiles est si bien conservé que les gastrolithes étaient encore présents. Il s’agit de pierres dans les intestins qui aident les crocodiles à garder l’équilibre dans l’eau. Les pierres indiquent que le crocodile n’a pas été disséqué pour en ôter les intestins.

« Je suis ravie que ce type de découvertes nous donne encore un aperçu dans la vie des Egyptiens antiques » dit De Cupere. L’étude est parue dans le journal scientifique PLOS ONE.

Les chercheurs Bea De Cupere et Wim Van Neer de l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique mesurent et étudient les spécimens sur place. (Photos : Patricia Mora Riudavets)

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