Une collection de sons en ligne centralise les enregistrements de chauves-souris en Belgique

17/12/2025
Sérotine commune (Cnephaeus serotinus) (Image : Institut des Sciences naturelles/MARECO-Yves Laurent)

Les chercheurs et les passionnés de nature peuvent désormais écouter près de deux millions d'enregistrements de chauves-souris belges grâce à DASA (Digital Animal Sound Archive). Cette plateforme centralise l'accès à ce vaste corpus de sons, soutient la recherche scientifique, et encourage son utilisation pour les études d'impacts environnementaux et l'élaboration de politiques.

Kelle Moreau

Comme de nombreuses autres espèces animales (baleines, insectes, oiseaux, etc.), les chauves-souris émettent des sons, notamment pour localiser leurs proies ou s'orienter. Il s'agit d'ultrasons à hautes fréquences, souvent inaudibles ou difficiles à percevoir pour l'homme, mais enregistrables. Ces enregistrements offrent un potentiel considérable pour l'étude de la répartition et du comportement des différentes espèces, ainsi que pour l'évaluation de l'impact des activités humaines. Ceci est valable aussi bien sur terre qu'en mer, puisque les chauves-souris sont également observées en milieu marin.

Jusqu'à présent, les enregistrements sonores de chauves-souris belges disponibles étaient conservés uniquement dans les archives, difficilement accessibles, de particuliers ou d'organisations. Ils risquaient alors de disparaître rapidement, par exemple parce qu'ils étaient supprimés après analyse. Le Digital Animal Sound Archive (DASA) rassemble désormais ces enregistrements dans un système unique, standardisé, sécurisé et interrogeable.

Un détecteur de chauves-souris enregistre les sons des chauves-souris dans un parc éolien offshore belge. (Image : Institut des Sciences naturelles/MARECO)

Également grâce aux citoyens scientifiques

DASA est bien plus qu'une simple collection de sons pour scientifiques professionnels. Après avoir créé un compte, toute personne intéressée, professionnelle ou citoyenne, peut télécharger et écouter des enregistrements audio. De plus, chaque membre peut y déposer ses propres enregistrements. Cela permet aux citoyens scientifiques de sauvegarder leurs propres données pour l'avenir, enrichissant ainsi la collection, et augmentant son potentiel pour des applications scientifiques et d'aide à la décision. À ce jour, 24 % des observations ont été collectées par des citoyens scientifiques, une proportion qui augmentera sans aucun doute à l'avenir.

Enfin, toute personne inscrite peut contribuer à l’expertise  des enregistrements, ou proposer une autre espèce pour une identification existante. Identifier l'espèce à laquelle un enregistrement se rapporte n'est pas toujours chose aisée, notamment chez les chauves-souris, et exige une connaissance approfondie du sujet. C'est pourquoi des spécialistes des chauves-souris sont sollicités pour valider les observations, garantissant ainsi leur attribution à l'espèce correcte avec fiabilité.

Une mine d'informations

« DASA regroupe actuellement près de deux millions de détections de chauves-souris réalisées par des scientifiques professionnels et des citoyens. Il s'agit d'une base de données unique qui pérennise l'utilisation des observations et des enregistrements sonores pour la recherche sur la nature en Belgique », explique Robin Brabant, coordinateur du projet à l'Institut des Sciences naturelles.

Environ la moitié de ces observations de chauves-souris sont associées à des enregistrements sonores. Cependant, les observations restantes sont également très précieuses car elles permettent de déterminer la répartition et les tendances des différentes espèces.

Sonogramme de la phase d'approche et de capture d'une proie par la pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) (Image : Institut des Sciences naturelles)

Bob Vandendriessche, président du groupe de travail sur les chauves-souris de Natuurpunt, explique plus en détail la valeur ajoutée d'une plateforme dédiée comme DASA : « Les plateformes existantes telles que observations.be ne sont pas conçues pour recevoir et exploiter des ensembles de données aussi massifs. Bien que le nombre de personnes collectant des données acoustiques à grande échelle soit relativement faible, le volume de données peut rapidement devenir considérable. La taille et l'importance des métadonnées associées sont également bien supérieures à celles des autres données biologiques, ce qui rend une plateforme distincte souhaitable. »

DASA est la première plateforme belge à structurer les données bioacoustiques selon les normes internationales et à les relier aux plateformes internationales de biodiversité telles que le Système mondial d'information sur la biodiversité (Global Biodiversity Information Facility – GBIF). Son infrastructure est également évolutive. Outre les enregistrements de sons de chauves-souris, des enregistrements d'autres groupes d'animaux, comme les mammifères marins et les insectes, y seront ajoutés ultérieurement. Cependant, l'accent reste mis sur les données belges.

 

Le projet DASA (Digital Animal Sound Archive) est une collaboration entre l'Institut des Sciences naturelles, Natagora et Natuurpunt. La plateforme a été développée grâce à un financement de la Politique scientifique fédérale (BELSPO).

Toutes les données sont conformes aux principes FAIR (Faciles à trouver, Accessibles, Interopérables, Réutilisables) et à la directive européenne sur les données ouvertes, ce qui les rend utilisables dans le monde entier à des fins scientifiques, politiques et éducatives.